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La femelle comestible

  • laulalberth
  • 25 juil.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 juil.


Et la femme devint femelle


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Les verres s’élèvent et s’entrechoquent. Autour de la table, à l’unisson les cavaliers s’écrient : « À nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent ! ». Et le trait révèle l’esprit.


Les femmes portent la queue de cheval. Lady Diana aimait dire qu’elle était la jument des Windsor. En Espagne, celle qui est sensuelle est appelée « jamona », jambonette. A nouveau, le trait révèle l’esprit.


Et le mâle créa sa femelle. Par l’Eglise, elle devint une tentatrice ; par Aristote, un « sexe faible » ; par Nietzsche, une « propriété » ; par Hippocrate, « toute entière dans son utérus » ; par Schopenhauer, « destinée à obéir », comme son frère animal.


La femme, en effet, n’est pas seulement, tour à tour, une poule, une grue, une gazelle, une tigresse, une cougar, une chienne, un thon, une morue. Elle est trop souvent une proie. Logique. Si la femme est un animal comme un autre alors il ne reste plus qu’à le chasser ou le domestiquer, avant de le mastiquer.



Et la femelle devint une viande


1.      Mener à l’abattoir


Sous l’œil du bouvier, guidé, mené, malmené, l’animal glisse le long de la rampe froide et ne voit nulle échappatoire.


Les glissières de l’histoire sont tout autant infranchissables. Une sortie de route est intolérable. Il faut l’accepter. La liberté ne sied pas à la femelle. Elle réclame d’être domptée. Par un modèle féminin imposé et l’effet Mathilda qui invisibilise les femmes de science, l’objectif est atteint. Dans un article récent, des doctorantes, se déclarent être « le premier maillon de la chaîne alimentaire ». Sifflée, envisagée, fantasmée, elles font saliver leurs collègues masculins qui ne manquent pas de leur rappeler leur rôle véritable.


La rampe est froide comme la mort.


2.      Etourdir l’animal


Braqué par un pistolet à tige perforante, la bête n’est pas folle. Elle sait ce qui l’attend. Etourdissement, mon œil ! Le bourreau, lui, est étourdi par la violence qu’il inflige. Le cerveau est perforé. Une peur morbide du réveil au milieu de l’horreur accompagne l’effondrement. Si l’animal présente un risque de prise de conscience, on le ré-étourdit, avec bonté et respect, bien sûr.


Hyper-sexualisation du corps féminin dès l’enfance, encensement du rôle maternel, négation du consentement, et des mots doux, des mots durs, ou des mots sales, parole, parole, avant le silence, tout conduit à un étourdissement émotionnel. Mais le « sexe est faible », pas stupide. Alors, on sait étourdir autrement. Promesses sentimentales non tenues, fuite du géniteur, charge mentale, harcèlement, violences conjugales, tout est bon pour étourdir l’animale qui présente un risque de prise de conscience.


3.      Mise à mort


Froide, mécanique, la mort est administrée. Le couteau tranche. La saignée rapide préserve la qualité de la viande. Si le cœur bat encore, c’est mieux.


Par une perversion narcissique, des coups, une agression sexuelle, ou un viol, la mise à mort psychologique est orchestrée pour rendre responsable la victime. Elle n’a pas criée. Elle n’a pas fui. Le cœur bat encore, c’est qu’elle y prend plaisir.


Mais céder n’est pas consentir. Autant demander à la victime de se réveiller au milieu de l’horreur.


Une maigre consolation, contrairement à l’animal, si l’on est aidée et entourée, on peut revenir de cette mort, au prix d’efforts hors norme, que seule permet d’accomplir une résilience ancestrale développée et transmise au fil des siècles de mère en fille.


4.      Découpage


Le couteau du boucher dépèce l’animal. Le regard masculin, ou « male gaze », découpe la femme en « de jolis petits bouts de viande », pour reprendre les propos d’un acteur déchu, qui rend fier la France, dixit un président.


Dès la naissance de la photographie et du cinéma, la pornographie s’installe. Dès avant 1914, l’inquiétude face à cette perversion est grande. Alors la guerre doit régénérer le couple, moraliser les esprits. Le contraire se produira. Les corps masculins voleront en éclats d’obus. Le corps féminin se brisera en milliers de cartes postales pornographiques. Et la voie est ouverte.


Le XXème siècle sera celui du règne des pulsions scopiques et voyeuristes masculines dans les médias, au cinéma, à la télévision, dans la publicité. Le début du XXIème siècle, celui du perfectionnement et de l’aiguisement des outils de dépeçage du corps féminin, en témoigne les circonstances de la naissance de Facebook et des réseaux sociaux, les sites pornographiques, les sites de rencontre, jusqu’aux cambrures retouchées des mannequins sur Shein.


5.      Consommation, mastication


Et nous y sommes. La femme se consomme sans modération. De tout jeunes adolescents s’abreuvent d’images pornographiques de morceaux de corps en ébats. La femme a disparu. Son corps même n’est plus. Seul reste le morceau de choix dont la mastication procure le plaisir maximal. Les recettes varient suivant la culture et l’envie du moment. Le supermarché est ouvert 24h/24 et 7j/7. Tout est gratuit ou presque.


Le coureur de jupons, doux euphémisme, qui se pavanait devant son tableau de chasse et ses conquêtes est « has been ». Aujourd’hui, on compte les corps. Le « body count », le nombre de partenaires sexuels, la nouvelle tendance sur Tik Tok en témoigne. Mais attention, le chiffre doit être maximal pour un homme et minimal pour une femme. Il faut préserver la qualité de la viande !



On se lève et on se casse ? Non, on s’assoit et on écrit.


Après avoir dit tout ça, que fait-on ? On se lève et on se casse, comme le dit Virginie ? Dans certaines situations, c’est nécessaire, voir vital. Amanda Castillo, nous le rappelle dans son ouvrage Tu seras carnivore, mon fils, qui a inspiré ce billet, de plus en plus de femmes, par nécessité, font aujourd’hui sécession. Par exemple, en France, chez les 18-24 ans, les divergences d’opinion entre garçons et filles se creusent. Au Kenya, dans le village d’Umoja, la présence des hommes est interdite. Selon The Economist, les Saoudiennes désertent en masse leur pays. Etc…


Mais il existe un autre moyen de résister : s’asseoir et écrire pour dénoncer et condamner tous les mécanismes de déshumanisation ; donner des mots à celles qui n’en ont plus ; aider les victimes de média-traumas, exposées trop tôt, trop jeune, trop seul, trop souvent, à des images violentes ou pornographiques insoutenables.


L’image nourrit l’ego. Seul le mot révèle l’humanité de l’un dans le cœur de l’autre, humain ou animal, homme ou femme.


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Amanda Castillo analyse la manière dont le patriarcat animalise les femmes pour mieux les consommer. Établissant le lien entre carnisme et sexisme, elle montre comment le mauvais traitement des animaux résonne avec les violences faites aux femmes. Un essai incisif pour déconstruire clichés sexistes et préjugés sur les animaux.


 
 
 

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